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Clément Marcou : le forain devenu entraineur de champions

Clément Marcou est devenu un personnage incontournable du paysage MMA français. Reconnaissable à son accent chantant du sud-ouest, le natif de Palavas-les-Flots s’est attiré la sympathie des fans du sport grâce à ses phrases devenues cultes. « La ceinture scapulaire » ; « le coca zéro, ça te sauve un homme », ou encore la fameuse « cacahuète » : autant de phrases devenue indissociables de l’homme qui a amené plusieurs combattants au plus haut niveau de leur sport.

Le forain qui ne voulait pas boxer

Clément Marcou est né en 1984, dans une famille de forains, une communauté réputée pour son amour de la castagne. C’est donc en toute logique que le jeune Clément s’essaie à la boxe dans un premier temps. Pas vraiment passionné par ce sport mais poussé par son père, il enfile ses premiers gants à dix ans. Un choix effectué à contrecœur, mais qui s’inscrit dans la logique familiale, comme il l’explique lui-même.

« A l’âge de 10-11 ans, mon père m’a dit ‘tu vas boxer’. » se remémore Marcou. « Moi je n’avais pas spécialement envie. Tous mes cousins faisaient de la boxe, parce que c’est des forains : ma famille, mon grand-père etc. Mon grand-père était catcheur […] tous mes cousins faisaient de la boxe, on avait pas le choix. » a-t-il resitué sur un ton amusé lors d’un épisode du podcast RMC Fighter Club.

De là, il enchaine plus ou moins contre son gré les différentes disciplines du pied-poings : kick-boxing et boxe thaï viennent ainsi s’ajouter à son arsenal de boxeur. Pas vraiment passionné par ces disciplines, ces dernières feront néanmoins naître une vocation chez Marcou. Conscient de ne pas être le meilleur dans ces différents sports, il tente de combler ses lacunes en travaillant d’arrache-pied. Une mentalité qui lui sera salutaire dans les années à venir, et qui fera naître son projet de coacher les combattants au plus haut niveau, à défaut de devenir lui-même un combattant de haut niveau.

Clément Marcou dans sa salle, à Palavas-les-Flots.

Du MMA chez les para’

Le véritable déclic a lieu en 2005, lorsque Clément rejoint le 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (plus connu sous son appellation de 1er RPIMa). Tout juste âgé de 21 ans, il découvre alors le MMA et surtout le jiu-jitsu brésilien à l’occasion d’un congé accordé pendant son parcours militaire. Le coup de foudre est immédiat, et le jeune soldat fait sa première compétition en ceinture blanche la même année.

Une passion qui le suivra toute sa vie, et qui lui permettra d’obtenir sa ceinture noire après plusieurs années de travail et de nombreuses compétitions internationales. Comme beaucoup de pratiquants, Clément Marcou finira par délaisser le gi (le kimono) pour se concentrer sur le no-gi, plus communément appelé grappling.

« Le besogneux » à la tête du Team Marcou

Incapable de transférer ses compétences en combat (de son propre aveu), il fait alors le choix de mettre à profit ses connaissances en ouvrant sa propre salle, le Team Marcou, à seulement 22 ans. Continuant dans sa nouvelle vocation de coach, il commence à entrainer plusieurs combattants de pancrace, le MMA n’étant pas encore légalisé en France. Frustré par le manque d’évènements de ce type dans l’hexagone, il se décide alors à créer son propre évènement, le FMC (Fighting Marcou Challenge).

Clément Marcou en 2011, durant sa période promoteur (crédit photo : Fight Sport Blog)

La première édition se tiendra en 2010, et plusieurs noms bien connus des fans de la première heure effectueront un passage plus ou moins remarqué dans cette organisation. Devenu promoteur presque à son insu, Marcou cumule plusieurs casquettes, mais prend rapidement conscience que cette pluridisciplinarité ne lui convient pas, et décide de tirer un trait sur tous ces aspects pour se concentrer uniquement sur le coaching.

Le préparateur physique le plus célèbre du MMA français

Diplôme de l’INSEP (Institut National du sport, de l’expertise et de la performance) en poche, il entreprend de se lancer pleinement dans l’accompagnement des athlètes. Marqué par ses voyages dans plusieurs salles américaines, il commence alors à perfectionner sa salle privée en 2012, en s’inspirant largement du MMA Factory (qui s’appelle alors le Cross Fight).

Ce dernier se souvient : « J’appelle Fernand Lopez, et je lui dis ‘Fernand, il faut que tu me reçoives parce qu’il faut que je prenne des idées pour ma salle.’. Je monte à Paris, il me voit arriver, je prends des photos. […] Il me demande ce que je fais, et je lui réponds que je vais copier sa salle ! […] Et en fait, j’ai tout copié, j’ai tout pris. J’ai fait une copie conforme, et je l’ai ramené chez moi. » raconte-t-il, hilare.

Un choix particulièrement avisé, puisqu’il lui permettra de collaborer avec plusieurs sportifs, notamment des footballeurs et des rugbymen, mais surtout des combattants de MMA. Parmi ses élèves, le plus célèbre reste sans aucun doute Abdoul Abdouraguimov, double champion de l’Ares (en -77kg puis en -84kg).

Abdoul Abdouraguimov, entouré de Clément Marcou et de Beto Ramos, son entraineur de jiu-jitsu brésilien (crédit photo : Le Colisée)

Capable de monter à 84 kilos pour ensuite redescendre à 70 kilos quelques mois plus tard, Abdouraguimov attribue cette capacité à changer de catégorie sans trop d’efforts à son coach, dont il vante régulièrement les mérites. Une collaboration qui semble aller au-delà de l’aspect sportif, puisque Marcou est également présent dans le coin de son protégé lors de la plupart de ses combats.

Très actif sur YouTube, il prodigue régulièrement des conseils destinés aux athlètes souhaitant perfectionner leurs connaissances, et anime également un podcast avec son célèbre acolyte « Fred », formant un duo sympathique qui aura donné lieu à plusieurs échanges cultes.

Preuve de la popularité de l’émission et du duo qui l’anime, un compte parodique a récemment vu le jour, raillant gentiment les interventions des deux hommes. Un bel hommage pour le gamin qui ne voulait pas boxer, mais qui fait désormais partie intégrante du paysage MMA français.