AccueilMMAUFCBenjamin Šehić, l'OVNI venu de Bosnie

Benjamin Šehić, l’OVNI venu de Bosnie

2m05, 120 kilos. Jusque là, rien de bien étonnant, et pour cause : Benjamin Šehić est un poids lourd, catégorie habituée aux grands gaillards.
Mais pourtant, à mieux y regarder, son palmarès présente une particularité. Ses quatres victoires ont toutes été remportées de la même manière : victoire par soumission. En effet, Šehić est un poids lourd particulier, puisqu’il est expert du sol.

Un poids lourd qui se repose sur le jiu-jitsu brésilien

Catégorie reine de l’UFC et de la boxe en général, la division des poids lourds est la division des superlatifs. Les poids lourds sont les plus puissants, les plus grands, les plus lourds, les plus gros cogneurs…mais sont très rarement les plus techniques. Leur manque de technique (parfois flagrant) est généralement compensé par leur puissance de frappe. Pas besoin d’être un expert en boxe pour se rendre compte que les énormes crochets balancés par Deontay Wilder ou Francis Ngannou ne sont pas les plus académiques. Et pourtant, leur palmarès parle pour eux (plus d’une cinquantaine de KOs), et prouvent ainsi aux puristes que leur style est bel et bien efficace.

« Ce qui se passe dans la cage reste dans la cage ; je ne garde pas cette agressivité en dehors »

Depuis Frank Mir, lui-même ceinture noire de jiu-jitsu brésilien, très peu de poids lourds ont eu du succès dans l’octogone. Malgré son palmarès encore assez modeste (il n’a disputé que cinq combats), le bosniaque fait d’ores et déjà figure d’exception dans ce petit eco-système. Si certains reprochent aux catégories inférieures leur manque d’explosivité et de pouvoir de KO, ce rapport semble presque s’inverser chez les lourds. Car, même si un gros KO ravira toujours les foules, le public ne s’attend pas à voir un combattant de plus de 2 mètres chercher à amener son adversaire au sol. Et c’est pourtant ce que fait Šehić avec une facilité parfois déconcertante, d’autant plus impressionnante quand on sait que ses adversaires pèsent eux aussi plus de 110 kilos.

Un homme de simples plaisirs

Né en 1996 dans un Sarajevo en ruines (la guerre de Bosnie venait de se terminer), « Benho » est resté très attaché à sa terre. Celui qui s’entraîne parfois au MMA Factory avait balayé d’un revers de la main la possibilité de s’installer en France définitivement pour s’y entraîner. « J’aime mon pays. Quand je le quitte, il me manque. J’ai besoin de ma terre, j’ai besoin de retrouver mon Sarajevo« .

Benjamin Sehic MMA
Benjamin « Benho » Šehić lors de la conférence de presse de l’Ares 3.

En dehors de la cage, le Bosniaque est un homme très calme et sympathique. Lorsque nous l’avions rencontré en marge de l’Ares 3, il était revenu sur son combat contre Aboubacar Bathily (qu’il avait remporté par soumission). « J’ai encore de bons rapports avec Aboubacar. Quand mon adversaire est réglo avec moi, je n’ai pas de problème pour devenir pote avec lui. Je suis resté en contact avec lui. Ce qui se passe dans la cage reste dans la cage ; je ne garde pas cette agressivité en dehors.« 

Quand il ne combat pas des colosses, il enseigne le jiu-jitsu dans sa propre académie, qu’il a ouvert à Sarajevo. Malgré ses divers succès en MMA, il n’envisage absolument pas de mettre le jiu-jitsu entre parenthèses : « C’est quelque chose de très important pour moi, j’en ai vraiment besoin. Non, je n’arrêterai jamais le jiu-jitsu brésilien !« 

Un combat pour la ceinture des poids lourds…au culot

Lorsque nous lui avions posé la question à propos du changement de son adversaire à la dernière minute pour savoir si cela l’avait perturbé dans sa préparation, Šehić a esquissé un sourire, avant d’expliquer la raison de cet amusement. « Quand Fernand (Lopez) m’a prévenu que mon adversaire initial ne pourrait pas combattre, je lui ai dit que ce n’était pas un problème pour moi. Je suis prêt à combattre n’importe qui. J’ai expliqué à Fernand que si ça se faisait, je voulais que ce soit pour la ceinture. Il a d’abord refusé dans un premier temps, avant de finalement me laisser ma chance« , raconte-t-il sous l’oeil amusé de son coach.

Lors de son combat pour la ceinture des poids lourds de l’Ares FC, le 3 février.

Malgré une entame de combat encourageante, (son adversaire, le brésilien Danilo Suzart, ne trouvait pas de réponses à apporter au sol), Benjamin Šehić s’est finalement incliné par décision partagée à l’issue de 5 rounds au cours desquels il n’aura pas démérité.
Moins bon striker que son adversaire du soir, le bosniaque est passé proche de finaliser le combat à plusieurs reprises, sans toutefois parvenir à mettre un terme au combat.

Malgré cette défaite, il y à fort à parier que nous le reverrons très bientôt dans l’octogone. Car, même s’il n’est pas le plus puissant, son style n’en demeure pas moins déroutant et unique en son genre. Et, comme il l’a dit lui-même : « si même un âne peut frapper très fort, pourquoi pas moi ?« . Le ton est donné…

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